Chien molossoïde : leur mauvaise réputation est-elle justifiée ?
En raison de son imposante carrure, le molossoïde est inévitablement perçu comme un animal potentiellement dangereux. Les croyances populaires veulent que les canidés aux tailles impressionnantes et à l’aspect quelque peu menaçant soient traités avec méfiance. Pour autant, ces chiens à l’allure parfois terrifiante représentent-ils réellement un quelconque danger ? Qu’en est-il de leur caractère ? Focus sur le chien molossoïde.
Qu’est-ce qu’un chien molossoïde ?
Selon l’histoire, quatre types de canidés ont été définis par Jean Pierre Mégnin. Au cours de sa carrière, ce vétérinaire français a établi une classification mettant en exergue la catégorisation des races canines en fonction de leurs caractéristiques anatomiques. Les chiens ont ainsi été classés comme suit :
- Les braccoïdes sont les canidés de type chien d’arrêt
- Les lupoïdes sont ceux dont les caractéristiques physiques présentent des similitudes avec celles du loup
- Les graïoïdes regroupent tous les chiens de type lévrier
- Et enfin, les molossoïdes
D’une manière générale, le chien molossoïde présente des spécificités anatomiques particulières. La Fédération cynologique internationale inclut dans cette catégorie tous les canidés présentant une tête et un corps massifs, un museau court, des babines aussi longues qu’épaisses et des oreilles tombantes, mais courtes. Les néophytes confondent souvent le chien molossoïde avec un canidé simplement costaud et grand. Aucune distinction n’est réellement effectuée entre les races si bien que certains chiens sont considérés à tort comme des molossoïdes et donc comme étant dangereux.
D’autre part, il s’avère que dans le langage courant, le terme « molosse » a été exagérément déformé pour devenir le synonyme de « chien au physique impressionnant ». Malheureusement, au fil des années, une connotation sous-jacente à suggérer par la suite que ce type d’animal pouvait revêtir une certaine dangerosité.
La mauvaise réputation du chien molossoïde est de ce fait infondée. D’ailleurs, selon les statistiques, moins de 8 morsures sur 100 sont en réalité attribuables à un chien molossoïde.
Un chien molossoïde est-il méchant dès la naissance ?
La mauvaise réputation du chien molossoïde le précède de manière injustifiée, car il est clair que cet animal est simplement jugé en fonction de son physique. Aucun réel fondement dans les affirmations pouvant induire à une dangerosité de ce canidé n’a d’ailleurs été établi de manière objective tout au long de l’histoire.
Il faut savoir que la férocité d’un chien relève généralement d’une mauvaise éducation ou encore d’une maltraitance. Dans ce genre de situation, n’importe quel canidé est susceptible de devenir agressif, qu’il soit molossoïde ou non.
La croyance populaire qui s’est installée au fil des années considère désormais n’importe quel chien de taille imposante comme étant un molosse. À ce titre, il est ainsi perçu comme un animal dangereux. Pourtant, il faut savoir qu’aucun chien ne naît méchant.
L’agressivité du chien molossoïde provient surtout du manquement de son maître à l’éducation de son compagnon canin. Notez d’ailleurs que même un petit yorkshire est susceptible de devenir très hargneux sans une bonne éducation. Ce canidé de 4 kg est loin d’avoir la musculature impressionnante du chien molossoïde. Pour autant, cela ne l’empêchera pas de vous blesser et de vous mordre.
La raison qui explique l’hostilité d’un chien molossoïde, c’est son manque de socialisation. Bien qu’à l’âge adulte, le physique de ce canidé puisse suggérer la force et la violence, la méchanceté n’est pas un caractère inné chez le chien molossoïde. C’est surtout un état psychologique qui résulte du mauvais traitement de l’animal. Certains maîtres peu soucieux du bien-être de leurs molosses les dressent même au combat et à l’attaque sans aucune justification. Ils peuvent faire preuve de brutalité envers le chien molossoïde, si bien que celui-ci intègre les mauvaises notions et agit en conséquence.
À partir du moment où le chien molossoïde est élevé dans un environnement adapté et qu’il bénéficie d’une bonne éducation, il se révèle être un excellent animal de compagnie. Si vous envisagez d’adopter un chien molossoïde, vous devez apprendre à connaître ce dernier. Il est important de répondre correctement à ses besoins (affectifs, alimentaires et physiques). L’animal doit notamment pouvoir se dépenser suffisamment pour évacuer son stress et ses tensions.
Les chiens classés dans la 1re et la 2e catégorie
Le chien molossoïde est aujourd’hui classé dans la catégorie des races canines dites « dangereuses ». Cette classification se divise en deux catégories. Les chiens appartenant à la 1è catégorie sont ceux dont les morphologies présentent des points de similitude avec les canidés tels que l’American Staffordshire Terrier, le Tosa, le Mastiff et le Pit-bull. Ce sont également des canidés sans pédigrée. Les individus de type Dogue de Bordeaux qui sont sans papiers intègrent aussi cette 1re catégorie.
Le chien molossoïde de 2e catégorie est dit de défense ou de garde. Il est inscrit au LOF et dispose généralement d’un pédigrée.
Parmi les races incluses dans cette catégorie figurent notamment le Tosa Inu, le Rottweiler (qu’il dispose ou non d’un papier) ainsi que les autres canidés dont la morphologie se rapproche de celle du Rottweiler et qui sont inscrits au LOF.
Si vous avez adopté un chien molossoïde, même si vous savez que ce dernier est inoffensif, vous devez prendre en compte les considérations de la loi. Cette dernière impose notamment aux maîtres de chiens dits dangereux de disposer d’un permis de détention.
Les législations portant sur la détention d’un chien molossoïde obligent également le propriétaire à stériliser son compagnon canin. Malheureusement, la plupart des lieux publics seront aussi interdits à l’animal. En fonction de la catégorie à laquelle le chien molossoïde appartient, le port d’une muselière peut lui être imposé à chacune de ses sorties. Et enfin, souscrire une assurance responsabilité civile est obligatoire pour le propriétaire d’un chien molossoïde.
Toutes ces mesures ont été établies en tenant compte de la dangerosité potentielle du chien molossoïde. Pour autant, les détenteurs de molosses sont conscients que la majorité des accidents dus à des canidés proviennent souvent de chiens n’appartenant ni à la catégorie 1 et ni à la catégorie 2. Le fait est que la mauvaise réputation du chien molossoïde a alimenté l’a priori de la société, si bien que certaines personnes ignorant le véritable caractère de ce type de canidé réagissent souvent de manière trop excessive.